L’homme ne peut s’accomplir que s’il a une connaissance consentie de sa vie inconsciente (Jung)
Qu’entend-on par “symbole” ?
Ce terme, difficile à définir, a des sens différents si nous nous contentons des définitions du dictionnaire, ou si nous nous plaçons dans une perspective religieuse, philosophique, historique, ou si nous nous plaçons à un moment de l’histoire ou de la psychanalyse.
De tous temps, les hommes se sont attachés à interpréter la nature symboliquement. Les sociétés primitives ont leur monde symbolique et nous retrouvons des symboles identiques au travers de ces nombreuses sociétés, distantes dans le temps et l’espace.
D’où vient le mot symbole ?
En grec, “symbolon” désigne “un objet de reconnaissance”, une sorte de tablette dont la moitié était donnée aux hôtes afin de pouvoir toujours les reconnaître. Les villes les employaient avec leurs visiteurs et les premiers chrétiens l’utilisaient comme signe de ralliement
Les parents en attachaient une des deux parties aux enfants “exposés”, c’est à dire ceux que le père refusait de reconnaître et abandonnait, afin de pouvoir éventuellement les reconnaître plus tard. Par extension, il devient tout signe de ralliement.
Le symbole comporte toujours l’idée de séparation, de reconnaissance et de réunification. Les symboles se complètent, s’interpénètrent, on peut toujours établir des liens entre eux. Ils sont pluridimensionnels. C’est pour cela sans doute que quand nous travaillons sur un sujet particulier, quel qu’il soit, tout autour de nous y fait référence. On a l’impression d’en voir partout.
On n’invente pas un symbole. On peut inventer une image, une représentation. Le symbole tel que nous l’entendons est toujours plus riche que nous ne pouvons l’exprimer. Dès que nous nous exprimons sur un symbole, nous sommes réducteurs.
Un mot ou une image est symbolique s’ils impliquent quelque chose de plus que leur sens premier, immédiat, évident. Cet aspect abstrait ou “inconscient” n’est jamais défini totalement ni avec précision. Quand on parle de symbole, notre esprit, notre imagination part au-delà de ce que notre conscience rationnelle peut comprendre. C’est pour cela qu’il n’y a pas de définition précise d’un symbole et qu’il est différent pour chacun d’entre nous.
L’homme ne perçoit rien pleinement. Nous avons nos 5 sens pour appréhender le monde. Et des tas de choses nous échappent : trop loin, trop petit, trop faible… Nous sommes toujours confrontés à la limite de certitudes que la connaissance consciente ne peut franchir. Dès que notre perception “objective” a eu lieu, elle devient une expérience de l’esprit. Et là, elle se transforme.
De plus, une multitude d’expériences ont été vécues de façon subliminale, sans nous en rendre compte. De là l’impression de déjà vu, de prémonitions, d’expériences déjà vécues… Le symbolisme parle à l’homme dans sa totalité, pas seulement à sa raison ou à sa conscience. Il enrichit la conscience au départ d’éléments inconscients ou refoulés. Il agit donc sur la personnalité et le comportement.
Pour en profiter, il faut jouer le jeu, lâcher prise, laisser libre cours à son imagination et ne surtout pas se censurer pour l’une ou l’autre raison. Je pense par exemple aux références religieuses que nous pouvons avoir de par notre culture, notre éducation, nos références familiales. Elles sont présentes et nous parlent. Laissons-les enrichir notre réflexion en prenant les distances qui s’imposent.
Comment ça marche…
Le travail sur les symboles demande de chercher. C’est notre seule obligation en Franc-Maçonnerie : chercher. Le symbole nous pousse à nous poser des questions. Il permet toutes sortes d’interprétations et l’une n’est pas meilleure que l’autre, ni plus vraie, ni plus juste.
Alors, la bonne question est : que me vient-il à l’esprit en premier lieu, lorsque je prends un outil en main, que je le regarde, le soupèse, l’observe, le manipule.
Je suis confrontée dans cet exercice à mes connaissances rationnelles de l’objet, tel qu’on peut le définir dans un dictionnaire. Je suis confrontée à ma culture, celle dans laquelle j’ai été élevée et qui me vient immédiatement à l’esprit. Je suis aussi confrontée à mes souvenirs personnels et à toutes sortes de messages que j’ai captés, parfois même sans m’en rendre compte. Ainsi qu’à mes expériences, à mes émotions et à mes sentiments.
Nous sommes donc bien au-delà de la simple connaissance rationnelle de l’outil.
C’est ce travail que nous faisons en Loge. C’est ce retour sur nous-même. C’est ce désir de chercher et de comprendre qui doit nous animer. Mieux nous connaître, pour nous améliorer, amenuiser nos failles, élever nos pensées et participer, chacun à sa mesure, à l’amélioration de l’humanité.
Cela ne saute pas aux yeux. Il faut du temps et de la patience.
L’approche symbolique peut poser problème à certaines et semble évidente à d’autres. Et pourtant, nous avons toutes accès à cette pensée symbolique. Simplement, nous devons nous laisser aller, la reconnaître, l’entraîner peut-être. La pensée rationnelle est limitée par nos sens, nos connaissances, notre cerveau et son fonctionnement. Nous avons mis au point des outils multiples pour prolonger nos sens et élargir la connaissance rationnelle. Mais la connaissance rationnelle n’est qu’une toute petite partie de la connaissance.
L’initié est plus qu’un être pensant. Le symbole maçonnique n’est pas destiné à étayer la science mais à frapper la conscience.
La réflexion s’approfondit au fur et à mesure, elle s’enfonce plus profondément, le long de notre fil à plomb. L’inconscient remonte, en sens inverse.
Cela prend du temps. Le chemin parcouru n’est pas immédiatement perceptible.
Aujourd’hui, nous devons en plus lutter contre la tendance du tout – tout de suite. Ici, dans un autre temps, nous devons redécouvrir la patience et la persévérance.
Ici tout est symbole, ce qui veut bien dire que chacun y met ce qu’il veut et cherche en lui une explication.
En fil rouge et en conclusion, on peut dire que la démarche symbolique réunifie l’être, le complète, entre conscient et inconscient et structure le mental. Il y découvre sa vérité. Et chacun a la sienne.
L’homme ne peut s’accomplir que s’il a une connaissance consentie de sa vie inconsciente (Jung)
Michèle D.